Sous un ciel de piété
Une fine pluie sur ses joues se mêlait à ses larmes. Noyée dans son chagrin, elle venait d'implorer le ciel de l'aider.
Par cette sobre prière, envers le grand marionnettiste de l'univers, elle s'octroyait le droit de savourer le frémissement d'une présence réconfortante. « Il est au rendez-vous ! Il vient de me faire signe ! Et son amour de l'humanité j'en suis sûre est intact. Comment ne pas voir qu'il compatit à ma peine, en me purifiant de la sorte, par cette eau qui s'écoule maintenant sur moi ? » À ces mots, elle ajouta un geste, tendant ses bras vers l'infini, comme pour le remercier de l'avoir écoutée. « Je reviendrai demain ! À la même heure, pour preuve de ma fidélité ! » Depuis ses plus tendres années, il n'y avait dans sa vie, aucune autre place que la présence de ce guide, auquel elle vouait un culte sans faille.
Le lendemain, à l'aube, elle revint sur ce lieu désormais sacré à ses yeux, où un échange intime s'était manifesté entre la créature mystique qu'elle était et son créateur. Elle prononça : « je viens à vous comme vous l'avez fait pour moi, une fois de plus, en rendant grâce à votre intervention vous qui savez combien ma douleur est immense. » Après ces paroles solennelles, elle se mit à genoux et croisant les mains, continua à s'adresser à lui :
« Comme je souffre d'avoir perdu mon fils ! Je suis inconsolable ! Je vous conjure d'accepter ma miséricorde ! » Son appel de détresse lancé, elle ajouta : « je m'en remets à votre volonté. » Le silence apaisant de la campagne fut de courte durée. La foudre, après une épique bataille de particules dans les airs, éventrait maintenant les nuages pour s'abattre sur la petite zone géographique du fin fond de la France. Cette symphonie électrique qui aurait dû faire fuir n'importe quelle jeune fille sous le fracas du tonnerre, raviva au contraire son tempérament exalté ; persuadée d'être en parfaite symbiose avec le surnaturel.
« Encore là ! », Cria-t-elle, accompagnant les détonations qui s'amplifiaient sur des kilomètres à la ronde. Un sourire traversa son visage. Une félicité furtive, venait de se poser sur ses lèvres.
« Dieu est à ma portée au milieu du déluge », pensa-t-elle. Pour lui faciliter la tâche, elle décida de ne plus bouger. Son corps, se réduisant à la dimension religieuse d'un réceptacle, prêt à se remplir d'une transcendance attendue.
Elle conclut : « je m'abandonne et m'ouvre à vous, bénissant votre passage. »
L'avait-il entendue ? Comment interpréter les probabilités menaçantes qui se muent en tragédie ? L'effroyable, quoi qu'il en soit, advint. L'infortunée, sous le feu du cataclysme local, s'effondra d'un seul coup, terrassée par les milliers de volts qui venaient de la traverser, du sommet de son crâne, jusqu'à ses pieds.
Supplément de PRÉSENCES D'ICI ET D'AILLEURS

