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Un enfant enseveli vivant: au Guatemala, un autel maya dévoile un conflit vieux de 1700 ans

  • Photo du rédacteur: Valentin Rionceny
    Valentin Rionceny
  • 11 juin
  • 3 min de lecture
Site de Tikal
Site de Tikal

Des chercheurs américains ont étudié un autel mis au jour sur le site maya de Tikal au Guatemala. Ils ont découvert des indices de l'hostilité entre le royaume et la métropole de Teotihuacan, au Mexique.


L’architecture du passé nous parle encore. Des archéologues de l’université américaine Brown ont découvert un autel maya datant du 4e siècle. En analysant les dessins peints dessus, les spécialistes ont pu faire un lien avec des troubles politiques qui ont eu lieu dans la région à cette époque.

L’autel, orné du dessin d’un personnage portant une coiffe en plumes – qui pourrait être le dieu du vent – a été retrouvé enterré en périphérie de la ville de Tikal. Autrefois centre névralgique de la civilisation maya, elle abrite désormais un parc national au nord du Guatemala. Ce sont les dessins sur l’autel qui ont étonné les archéologues. Le style n’est pas celui des Maya, mais celui des habitants de Teotihuacan, ville mexicaine désormais très proche de Mexico, à plus de 965 kilomètres de là, lit-on dans l’étude publiée dans la revue Antiquity. La trace directe d’une influence entre les deux États, qui s’est soldée en lourd conflit.


L'empreinte de Teotihuacan sur Tikal est incontestable


"Ce que l’autel confirme, c’est que de riches chefs de Teotihuacan sont venus à Tikal et ont créé des répliques d’objets rituels qui existaient dans leur propre ville d’origine. Teotihuacan a clairement laissé sa patte à Tikal", explique Stephen Houston, l’un des auteurs principaux de l’étude, dans Eurekalert. De fait, les historiens ont longtemps cru que Teotihuacan et Tikal n’avaient eu que des relations commerciales dans les années 300. C’était bien plus compliqué que cela.


"Il est possible que les pigments fluorescents soient utiles à la sélection des partenaires sexuels, notent les auteurs de l’étude. Le seul moment, à part pendant le vol, où ces plumes sont directement visibles, c’est lorsque les mâles font la cour aux femelles." Une hypothèse qui laisse tout de même un mystère : pourquoi les femelles sont-elles plus colorées ?

Pour Emily Griffith, l’autrice principale de l’étude, "ce trait caractéristique n’est pas binaire". "La proportion de pigments dans ces hiboux est plus ou moins forte en fonction de l’âge, de la taille, et du sexe des hiboux", dit-elle dans Drexel News. Cela signifierait donc qu’un autre facteur entre en compte.


L’hypothèse que les scientifiques formulent est novatrice. Et si le nombre de pigments était dû au besoin de réguler la température corporelle des rapaces ? "Cela expliquerait pourquoi les femelles en ont plus puisque les mâles ne couvent pas et sont plus actifs physiquement puisqu’ils chassent tandis que les femmes s’occupent des œufs", écrivent les ornithologues. Une hypothèse qui reste à vérifier.


Dans les années 1960, des inscriptions ont été découvertes dans Tikal. Les archéologues y ont lu l’histoire de la destitution du roi de Tikal, en 378. "Ils ont tué le roi et l’ont remplacé par un autre, à la botte de Teotihuacan", dit l’auteur. Récemment, de nouvelles analyses de la région de Tikal ont dévoilé l’existence d’une réplique plus modeste de la célèbre citadelle de Teotihuacan enterrée sous le site maya.


Une marque forte de ressentiment enterrée à dessein


Les illustrations sur l’autel découvert sous terre au Guatemala semblent être une indication autour de l’ambiance politique tendue entre les deux peuples au 4e siècle. Les archéologues pensent que l’autel a été construit à peu près au moment du coup d'État. À l’intérieur, ils y ont trouvé un enfant, enterré vivant et assis. Une pratique très rare à Tikal mais courante à Teotihuacan.


Le fait que l’autel et la citadelle aient été enterrés et laissés ainsi dit beaucoup des marques laissées par Teotihuacan sur Tikal. Dans la civilisation maya, les hommes démolissaient souvent des bâtiments mais reconstruisaient toujours par-dessus. "Là, ils ont tout enseveli, et n’ont rien bâti au-dessus, alors que cela aurait pu avoir de la valeur les années suivantes. Ils ont traité cet endroit comme un mémorial ou une zone radioactive. Cela dit sûrement beaucoup du ressentiment qu’ils avaient à l’égard de Teotihuacan", pense Andrew Scherer, le co-auteur de l’étude. Cela n’a pas empêché le royaume de Tikal de grandir. Après le coup d’État de Teotihuacan, la région est devenue l’une des plus importantes de la civilisation Maya, avant de disparaître au tournant du 10e siècle.

 
 
 

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Tous les visuels qui structurent l'architecture du site sont la propriété exclusive de Valentin Rionceny
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